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LIVRE XVII.

tres enchanteurs avons appelés jusqu’ici l’Atlantide ou les îles Heureuses, mais qui doivent changer de nom quand vous les posséderez ; car je vous en investis. Oui, sire, je vous les donne ; et même je vous en indiquerai volontiers le chemin, à condition, toutefois, que vous me promettiez de n’imposer à ces peuples nouveaux qu’un joug de fleurs. »

Alifantina se prit à rire :

« Mon cher Merlin, la joie du retour vous aveugle, je pense. Car les royaumes que vous me montrez là-bas, amoncelés l’un sur l’autre, sont de beaux nuages qui n’ont besoin d’autre pasteur que du vent d’Arabie.

— Me croyez-vous enchanteur ?

— Oui, certes.

— S’il en est ainsi, poursuivit Merlin, je vous répète que ces nuages sont de beaux et plantureux royaumes où abondent les fleuves, les forêts, les mines d’or, de rubis, principalement les solitudes telles que vous les préférez.

— En effet, balbutia Alifantina après avoir considéré le spectacle qui s’offrait à ses yeux, il me semble que j’aperçois là-bas sur cette plaine d’opale un trône d’or, à mille degrés de topaze. Je croirais volontiers que mon ancien royaume n’est rien en comparaison de celui que vous me montrez, pourvu qu’il soit réel. D’ailleurs il est bien loin d’ici ; comment y aborder ?

— Quand vous le voudrez, sire, je serai votre pilote.

— Où mettrons-nous le cap ?

— Au ponant. »