Il répliqua néanmoins par les raisons les plus propres à guérir chez ce monarque une si étrange manie. Il dit en substance que l’imitation ne vaut jamais le modèle ; qu’Alifantina avait trop de génie pour avoir besoin de contrefaire personne, non pas même le très-juste Épistrophius ; puis il amena habilement un rapide tableau de la cour d’Arthus, où les femmes, les chevaliers, les paroles amoureuses, les armes, les bardes, les rendez-vous, les éclats de joie des peuples naissants remplissaient si dignement les jours.
« Avouez pourtant, ô sage, concluait Alifantina, que rien ne vaut le silence éternel de la cour d’Épistrophius, à la réserve d’une maudite cigale qu’il n’a pu faire taire encore.
— Sire, cette cigale altérée qui crie toujours, c’est la justice ! »
III
En traversant Séville, Merlin apprit que l’on dressait dans le cimetière une statue au Commandeur, et il eut la fantaisie de la visiter. À son approche, la statue lève vers le ciel son bras de marbre, et dit de sa voix de tonnerre :
« Reviens, Merlin, Merlin ! Il n’y a d’autre enchanteur que Dieu. »
Personne n’était moins superstitieux que notre en-