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MERLIN L’ENCHANTEUR.

IV

MERLIN À VIVIANE.
Alhambra, tour Vermeille.

Aux Colonnes d’Hercule, pas un message de toi, Viviane, pas même ce simple mot que je t’avais demandé en suppliant ! Malgré cela, en dépit de toi, mon cœur est dans les nues. J’ai une force d’espérance que tu ne dompteras pas.

En ce moment j’habite les tours vermeilles de l’Alhambra. C’est un palais que je viens de construire à la demande du roi de ce pays. La vérité est que je l’ai bâti à mon gré pour toi, pour moi, comme si nous devions en être les seuls habitants.

Tu sais, Viviane, combien est doux le babil de l’eau sous les ombrages. J’ai placé des jets d’eau dans toutes les chambres, et j’ai ordonné à des lions de pierre de laisser tomber de leurs gueules, nuit et jour, des sources embaumées dans des bassins de vermeil. Bien entendu je n’ai pas davantage oublié les fraîches, paresseuses alcôves de marbre, si favorables aux songes et dont tu m’as toi-même donné autrefois l’idée. Tu penses aussi que je n’ai pas négligé les balcons et les tocadores, d’où tu pourras te mirer à ton aise dans l’eau