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MERLIN L’ENCHANTEUR.

soucis domestiques. Tel est sublime dans une nuit de sabbat ou de magie, sur le sommet du Hartz ou de l’Etna, qui est, ma foi ! fort petit au coin du feu dans son ménage. Rien n’est plus fréquent que ces esprits dont l’univers est amoureux, et qui sont les plus renfrognés des êtres, le soir, en tête à tête avec leurs femmes. J’en ai connu plusieurs ; le ciel nous en garde !

Combien de brouilleries, de bouderies, ont déjà gâté les meilleurs de vos jours ! Elle a voulu me les cacher ! Je les ai devinées. Jurez-vous qu’elles ne recommenceront pas ? Hélas ! tant de différences vous séparent ! Elle est si douce, quand tout lui obéit, vous si colère ! Elle est la colombe, vous le lion. Tous deux vous voulez commander ; c’est à faire trembler qui vous aime, de vous voir mariés.

Puis les enfants viendront, Merlin ! Merlin, y avez-vous songé ? Votre éducation n’est point celle que j’eusse désirée pour vous. Est-ce celle que vous leur donnerez ? J’exige qu’ils soient tous élevés dans ma religion que vous connaissez fort bien. Sinon, point de consentement. J’aimerais mieux, dame ! tomber vivante entre les griffes de feu votre père.

Parlons aussi de vos enchantements. Sur ce point, j’entends, j’exige que vous promettiez et juriez de ne plus rien céder à l’imagination ni à la fantaisie. Faites-vous enfin de votre profession un gagne-pain solide. Laissez là, je vous prie, du métier tout ce qui est agrément, caprice, futilité, fumée. Soyez utile, Merlin, à vous et aux autres.