Quelques heures se passèrent ainsi dans ces alternatives de stupeur et de trouble. Enfin il voulut se lever une dernière fois et mourir debout ; ses serviteurs le prirent dans leurs bras et le firent asseoir sur son trône.
Ayant appelé lui-même la reine, il la consola et lui défendit de pleurer. Il fit venir ensuite ses serviteurs ; il les remercia de leurs loyaux services et distribua entre eux les dons qu’il avait fait préparer.
Puis on lui apporta la couronne ; il la prit dans ses mains, et, s’adressant à Merlin :
« Je n’ai point de fils, lui dit-il. Je ne sais qui me succédera. Merlin, je vous confie ma couronne : c’est celle de l’avenir ; gardez-la pour le plus digne. »
Merlin promit qu’il serait fait tout ainsi que le roi l’ordonnait, ce qui mit fin à ses plus grandes angoisses.
Cependant chaque instant augmentait sa faiblesse, et les affres de la mort passaient et repassaient sur son front. Quelques paroles incohérentes tombèrent de ses lèvres : « Tout est perdu !… L’avenir est un mot ! » Presque aussitôt il s’aperçut que sa tête commençait à s’égarer, et il étendit ses deux mains vers ces amis, comme pour les prier d’oublier ce qu’il avait dit.
Alors commença le hoquet de la mort auquel les nations répondirent, et il semblait à chaque haleine qu’il était étouffé ; les vastes fenêtres de la salle furent ouvertes. Mais l’air des bois qui apportait la vie ne pouvait pénétrer dans la poitrine d’Arthus.
Il demanda à être replacé sur sa couche ; et, parce