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MERLIN L’ENCHANTEUR.

Les grillons, les fleurs, les oiseaux qui savaient parfaitement son secret, le raillaient avec cruauté, lorsqu’il s’égarait sur les décombres de quelque vieux donjon.

Les giroflées éparses dans les ruines disaient : « Le voilà donc ce bel enchanteur ! Où sont les fêtes, les tournois, les propos d’amour, les étendards pavoisés dans les salles désertes ? »

Puis les oiseaux moqueurs, perchés sur l’arbre solitaire, reprenaient :

« Le château est désert sur la montagne ; la tour s’est écroulée. Mais le cœur de Merlin est plus triste que la tour. Le génie de Merlin est plus vide que le château ruiné. »

En entendant ces paroles sortir des épaisses ramées, Merlin faisait semblant de sourire ; dans le fond il se rongeait le cœur ; et voyant que le moindre ver de terre connaissait son secret, il ne savait plus où se retirer. Revenait-il parmi les hommes, il entendait de trop près leurs soupirs ; rentrait-il dans la solitude, il n’y avait pas un roitelet qui ne se fit un jeu éclatant de sa douleur.

V

« Ceci est mon testament, écrivit-il à Viviane. Je le confie aux vautours et aux aigles.

« Depuis que je ne crois plus en vous, je ne peux plus