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MERLIN L’ENCHANTEUR.

demande, ne fais-tu pas ce qui te plaît à toi-même ?

— Tu as raison, je suis prêt à t’obéir. Qu’est-ce donc que tu désires ?

— Je désire que nous nous bâtissions une retraite enchantée, indestructible, où nous puissions vivre ensemble, recueillis l’un dans l’autre, sans être troublés jamais par le reste du monde.

— Est-ce là ce que tu souhaites ? Sois donc heureuse ! Je te la bâtirai cette demeure.

— Non, chère âme ! C’est moi qui veux la bâtir, moi-même, à mon gré, pour qu’elle soit toute en mon pouvoir.

— Qu’il soit ainsi ! » dit Merlin. Et il lui apprit ce qu’il fallait de magie pour opérer un enchantement de ce genre. À mesure qu’il parlait, il regrettait chaque parole qui sortait de ses lèvres. Mais l’amour était plus fort que lui ; il ne s’arrêta que lorsqu’il eut révélé son secret jusqu’au bout. »

Dès qu’il eut achevé et que Viviane l’eut compris, elle lui montra tant de joie qu’il se consola d’avoir parlé. Même, il se sentait heureux de n’avoir aucun secret qu’elle ne partageât avec lui ; certain qu’elle ne s’en servirait pas sans le consulter au moins une fois encore.

II

Tous deux se tenaient embrassés sur l’herbe fraîche, épaisse, près du buisson fleuri. Ils s’étaient fait mille