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LIVRE XXI.

caresses au milieu de mille paroles gazouillantes. Plus d’une larme de bonheur avait coulé de leurs yeux. Merlin reposait sa tête sur le sein de sa bien-aimée. Elle le berçait et jouait avec les boucles de ses cheveux, si bien qu’il semblait sommeiller et rêver.

S’étant assuré qu’il rêvait d’amour, elle se lève doucement, prend son long voile, en enveloppe la ramée sous laquelle était couché l’enchanteur. Neuf fois elle marche autour du cercle qu’elle a tracé ; neuf fois elle répète les paroles magiques qu’il lui a enseignées ; puis elle rentre dans l’enceinte, se rassied sur les fleurs, et replace la tête de son bien-aimé sur son sein palpitant.

Enfin, il se réveille, ouvre les yeux ; et d’abord, il lui semble qu’il est muré dans une haute tour maîtresse, bien crénelée par le haut, sans portes pour sortir, ni degrés pour monter ; et il se voyait couché, au fond d’une alcôve de marbre, sur un lit de soie et d’or.

« Qu’avez-vous fait, insensée ? Est-ce là le mariage promis ? Que n’avez-vous attendu que l’absence, la douleur m’aient tué ? »

Viviane regarde Merlin en souriant. Qui le croira ? à ce sourire tombe le ressentiment de mon héros. À peine s’il lui fit un reproche de plus. Collé à ses lèvres, il lui disait seulement entre chaque baiser :

« Au moins ne me quitte plus, Viviane. »

Et Viviane répondait :

« Jamais.