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MERLIN L’ENCHANTEUR.

— Mais pourquoi, cruelle, m’avoir abandonné une fois ?

— Pour t’éprouver.

— Comment !

— J’étais jalouse.

— De qui donc ?

— Des pierreries, des fleurs, des étoiles d’Isaline, de Psyché, de toutes les Belles ; car toutes t’aimaient d’amour, et toi aussi tu les aimais. Maintenant, Merlin, plus de pèlerinages, plus d’absence, Tu m’appartiens à moi seule. Je te verrai à toute heure ; tu ne verras que moi.

— Oui, s’écria Merlin, il n’y a que toi au monde qui puisses me tirer de cette tour.

— Pas même moi, mon doux ami. Tu es ici pour toutes les vies. »

Et elle lui apprit qu’elle avait tourné contre lui ses enchantements les plus forts, que la porte de la tour était murée, et qu’elle avait jeté la clef dans le gouffre des gouffres.

« Mais, ma chère âme, vous m’avez donc enseveli ?

— Je me suis ensevelie avec toi.

— Suis-je mort ou vivant ? demandait encore Merlin.

— Que t’importe ?

— C’est vrai ! Je te retrouve. Je te vois. Que me fait tout le reste ?

— Sois tranquille. Je serai souvent dans les bras. »