Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur tome 2, 1860.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
283
LIVRE XXI.

III

Pendant ce temps-là, deux bourgeois qui passaient dans le voisinage avaient vu ce qui venait d’arriver ; ils conversaient entre eux :

« J’avais toujours prédit, compère, que cela finirait ainsi.

— Moi, de même, répondait l’autre.

— Quand je voyais passer Merlin dans les halles, je lui disais : Mon fils, il t’arrivera malheur.

— Je le lui ai annoncé cent fois, de mon côté, lorsqu’il était petit. Mais quoi ! pas le moindre jugement dans cette cervelle dorée.

— Il est vrai qu’il pécha toujours par la judiciaire. De l’éclat, du brillant, du faux or, voilà tout.

— Se laisser enterrer vivant !

— Prendre un tombeau pour un lit de noce !

— Quelle pitié !

— Quelle sottise ! Voilà comment finissent tous ces hommes d’imagination.

— Ce n’est pas à nous, compère, qu’on en ferait ainsi accroire !

— Dieu merci ! nous sommes des gens positifs, avisés, de père en fils, et nous savons à quoi nous en tenir sur le fort et le faible des choses.