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MERLIN L’ENCHANTEUR.

— Quand pareil événement arrive, vous savez pourtant que c’est signe de peste noire ?

— Oui-dà ?

— Et de pluie de sang et de guerre.

— Voyez-vous ? je l’ai entendu dire.

— Et de pillage.

— Oh ! oh ! je le crois comme vous. De pillage, avez-vous dit ? Allons enfouir nos ducatons d’Espagne.

— Et compter nos épices.

— Il n’y a, ma foi, pas un moment à perdre.

— Sus ! sus ! nous touchons à la poterne. N’entend-on pas la cloche du guet ? Chut ! oui, un carillon d’alarmes. Nous n’arriverons jamais assez tôt pour sauver notre avoir. Marchez donc, compère ! »

IV

L’amour dans la mort, voilà ce que personne n’a décrit depuis que les hommes ont inventé l’art de tout dire. Qui invoquerai-je pour m’assister dans ce récit ? Personne ne peut me servir de guide. Je marche le premier dans ce sentier où m’abandonnent même les témoins qui m’ont accompagné jusqu’ici.

La tombe de Merlin (il faut bien avouer que c’était une tombe) ne ressemblait pas à celles où chaque jour vous ensevelissez vos morts. Au dehors un immense tu-