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MERLIN L’ENCHANTEUR.

VI

Et sachez que la désolation du peuple syrien, égyptien, quand il eut perdu Adonis et Osiris, n’avait rien été en comparaison de la première désolation des peuples aussitôt après la disparition de Merlin. Longtemps on n’avait vu que rois errants, princes tombés, foules en deuil, gens se meurtrissant la poitrine, non d’une douleur cérémonieuse, comme aux fêtes Égyptiaques, mais d’une douleur réelle et cuisante ;

Partout, plaintes d’armures rouillées, gémissements de larmoyeurs, empires redevenus poussière ; vous eussiez dit de la mort d’un demi-dieu.

Alors vous n’eussiez rencontré que nations vagabondes qui allaient à la recherche de l’enchanteur. Si elles eussent, pour le moins, retrouvé un seul de ses membres dispersés, certainement elles se fussent crues sauvées, comme les Égyptiens en retrouvant, ou le corps ou la tête, ou les bras d’Osiris. Mais, de cela, quelle apparence ? Aucune nouvelle, point de vestiges !

« Que deviendrons-nous, avaient dit les nations les unes aux autres ? Où peut-il être enseveli ? Il était notre joie, notre soutien. Bien certainement, nous mourrons jusqu’au dernier, s’il ne reparaît pas. »