faible idée de l’épouvante de Viviane, lorsqu’elle cacha son visage dans le sein de Merlin.
« Qu’est-il arrivé ? s’écria-t-il. Qui a pu t’offenser ou te menacer, toi, la meilleure partie de moi-même ? Si nous ne trouvons ici l’immuable paix, où irons-nous la chercher ? »
Viviane lui raconta ce qu’elle venait de découvrir. Aussitôt il pensa à son père et se sentit saisi lui-même de terreur à l’idée que le roi de l’enfer avait trouvé le chemin de sa retraite.
« Ce sera quelque ange égaré qui veut se frayer un sentier parmi nous.
— Qu’est-ce qu’un ange ? » demanda Viviane.
Il le lui apprit ; elle s’écria de nouveau :
« Ainsi, même dans le sépulcre, nous ne sommes pas seuls ! Où fuirons-nous ?
— Par-delà la mort ! Je m’en sens la puissance. »
Et, voyant l’effroi de Viviane augmenter, il feignit une assurance qui lui manquait. Sans doute l’étranger ne l’avait pas aperçue retirée dans l’ombre du tombeau. Pourquoi donc s’effrayer ? Ils ne feraient plus un seul pas hors de la salle marbrine de la tour funèbre. Qui oserait les assaillir dans cette enceinte ? Pas même le prince des épouvantements.
Malgré ces paroles et d’autres du même genre, l’inquiétude était entrée dans leur demeure. Une vague terreur se mêlait à leurs plus douces joies. Au moindre souffle du vent qui s’engouffrait dans les cours ou les alcôves d’albâtre, Viviane se retournait en frémissant.