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MERLIN L’ENCHANTEUR.

« Est-il vrai que le tombeau a enfanté ?

— Rien n’est plus vrai, répondit une seconde fois Merlin. Voyez vous-même.

— L’avez-vous baptisé ?

— Oui, sans doute.

— Où cela ?

— Dans le fleuve Océan, qui sort de terre devant mon seuil. »

Pendant ce temps, Jacques était allé chercher plusieurs oiseaux et oiselets qu’il nourrissait en cage : mésanges, linottes, bréants, verdiers, bouvreuils et pinsons. Il en fit offrande au nouveau-né et les introduisit aisément à travers une fente du sépulcre. Merlin les prit doucement par les deux ailes et les plaça aux pieds de l’enfant, qui sourit de son premier sourire à ces créatures ébahies, inconnues dans le monde où il était ; et croyez, sur ma parole, qu’il ne se passait plus un seul jour qui ne fût une fête dans le tombeau de Merlin.

IX

Si l’éducation de mon héros avait été mêlée, j’ose dire que celle de son fils fut accomplie ; mais les circonstances y contribuèrent. L’éducation dans la mort, n’est-ce pas le meilleur des systèmes ? Point d’exemple funeste à éloigner, point de discours imprudent du monde, point de paroles grossières d’une foule qu’on