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MERLIN L’ENCHANTEUR.

en s’approchant ; je l’ai trouvé là-bas dans le vallon, sous ce frêne pleureur.

— Merci, Monseigneur, il est à moi.

— Où suis-je, mon bel enfant ?

— Dans la tombe de Merlin.

— Il me semble, mignonne, que je vous ai rencontrée, une fois ou deux, au clair de lune, à la cour d’Obéron !

— Pardonnez, seigneur, dit Viviane, sans oser contredire ouvertement l’étranger.

— C’est donc, dans la compagnie de Titania ou de Morgane ?

— Pas davantage. Je n’ai vu la cour que chez ma marraine, Diane de Sicile.

— M’y voilà ! J’y suis, s’écria Belzébuth. Mais qu’importe ! si jeune ! si belle ! et déjà dans un tombeau ?

— Ce tombeau est celui de Merlin.

— Regardez-vous donc, ma belle, dans le miroir de ce lac ! Ne vous êtes-vous jamais vue ?

— Cent fois, répondit Viviane.

— C’est un trône qu’il vous faut, non pas un sépulcre. Suivez-moi tous les deux ; je vous fais rois l’un et l’autre.

— Nous sommes rois, ici, seigneur !

— Et bien ! vous serez dieux ! »

À ces mots, Viviane prit l’inconnu pour quelque prince devenu fou ; elle s’enfuît comme une biche vers Merlin.

Le roi de l’enfer la suivait en claquant des dents, et se parlant à lui-même : « C’est une dernière épreuve. Que