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MERLIN L’ENCHANTEUR.

petit Formose que voilà ! Me confierais-tu son éducation pour un clin d’œil ? »

Pour toute réponse, Merlin appela son enfant ; il le souleva de terre et le mit dans les bras de Satan.

« C’est le grand-père, dit-il. N’aie pas peur. »

L’enfant ne savait s’il devait rire ou pleurer ; et c’était une chose terrible de voir cet enfant ingénu dans les bras du Roi de l’Enfer. Moi-même, j’accuse ici Merlin d’avoir donné un gage trop précieux ; mais toujours il pécha par trop de confiance. Du moins elle ne fut pas trompée ce jour-là.

« Bien ! poursuivit Satan en déposant à terre l’enfant qui n’avait plus aucune peur. Voilà ce que je n’aurais jamais cru possible ni de ta part, ni de la mienne. La tentation était grande, l’épreuve était forte. Peut-être cette journée ne sera pas perdue. C’est ton sacrifice d’Abraham ; tiens ! reprends ton Isaac. »

Et sur cela, il s’éloigna tout pensif. Assis sur la cime d’un rocher qui dominait la contrée, il se perdait dans la méditation de ce qu’il venait de voir et d’entendre.

III

« Abdiquer ! se disait à lui-même le Roi de l’Enfer en secouant la tête ! Certes, j’en suis capable, si nul autre que moi ne doit me remplacer… Et qui l’oserait ? Je