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MERLIN L’ENCHANTEUR.

À l’endroit où je me suis arrêté, vous trouverez d’autres horizons que j’ai dû abandonner. Ils vous appartiendront dès que vous y aurez mis le pied.

Donnez à votre esprit l’essor. Quand vous aurez trouvé ces lieux nouveaux, vous penserez en vous-mêmes : « Ces lieux nous plaisent, ils en annoncent de plus beaux. Mais c’est lui qui nous les a ouverts. »

Pour moi, je m’arrête ; et je fais comme ceux qui se séparent d’un ancien ami qu’ils ont longtemps retenu sous leur toit, et qu’ils désespèrent de revoir ; ils précipitent leur adieu, pour ne pas laisser aux larmes le temps d’arriver.

II

Cependant que devenait l’enfer privé de son chef ?

L’enfer, devenu libre, sans tuteur et sans maître, se dévorait lui-même.

Jusque-là, le père de Merlin, avait conservé dans l’abîme un ordre, qui le rendait habitable aux maudits Nul n’avait osé enfreindre un seul de ses commandements. Sa volonté régnait, c’était la loi de tous. Chacun savait quel était son supplice légitime et y restait attaché. Chacun rendait exactement à la douleur ce qu’il devait à la douleur. Nulle usurpation dans l’éternelle chute. Il y avait une règle dans le désespoir.

Quand le chef des abîmes eut disparu, d’abord tous