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MERLIN L’ENCHANTEUR.

entre Viviane et son fils, les peuples réveillés se prenaient par la main, et faisaient, en dansant, une ronde immense autour de lui.

Aux plus pauvres, il donnait toujours quelques-unes des épargnes qu’il avait faites dans la mort. C’était quelque manteau, quelque diamant vierge encore, ou une provision de bouche, ou un cordial à réveiller les trépassés. On recevait tout avec plaisir.

Et chacun était ravi de voir combien il est aisé à une âme libre d’user et d’abolir son tombeau.

X

« Vous êtes donc un Dieu ou fils de Dieu ? » dit Jacques à Merlin dès qu’ils se retrouvèrent seuls. Il eût voulu l’adorer et faire de lui une quatrième personne de son Credo.

Il se fit même en secret un petit ex-voto, ou simulacre de plomb qui représentait assez grossièrement, il est vrai, le sage Merlin sous la figure d’une petite divinité rustique, bocagère ; et il suspendit cette amulette dans les décombres d’une chapelle antique, consacrée autrefois aux nymphes. Ayant allumé deux lampes d’argile, il mit auprès deux grains d’encens.

Merlin, qui s’aperçut bientôt de ce culte grossier, fit tout au monde pour obliger Jacques d’y renoncer. Il ne