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MERLIN L’ENCHANTEUR.

Puis venaient les chars revêtus d’écarlate et de pourpre, chargés des tributs du tombeau.

Puis venaient Merlin, Viviane et leur enfant, devant qui Jacques portait la harpe.

Après eux, les légions des esprits et Turpin marchait à leur tête.

Après eux, le peuple des exilés ; et pour ce jour-là, ils avaient retrouvé leur robuste jeunesse.

À cet endroit, le cortége était formé de tous ceux qui avaient connu Merlin et qui figurent dans cette histoire, de tous ceux auxquels il a attaché un moment ou sa pensée, ou ses regards, de tous ceux qui l’ont renié, injurié, ou haï. N’étaient exclus que les indifférents.

Après eux venaient, comme aux champs Olympiques, des quadriges fumants ; ceux-là étaient chargés des insignes arrachés à l’enfer.

Et, comme à Naples, au jour des funérailles, une multitude s’avançait, portant des bannières ; sur chaque bannière flottante au vent, on lisait : « L’enfer est vaincu ! »

Alors venaient tous les génies de l’enfer, le front bas, comme des prisonniers, muets, couverts de sueur, désespérés, derrière le char de Merlin ; car ils croyaient qu’ils allaient être immolés.

Du milieu d’eux sortait un sourd rugissement qui était celui de l’abîme. Ils n’avaient point les mains liées derrière le dos : ils étaient enchaînés par leur propre terreur.

À leur tête marchait leur roi, qui les contenait d’un