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LIVRE XXIV.

regard. Sans leur parler il les maîtrisait et semblait dire : « Suivez-le ! c’est mon fils ! »

Un moment incertaine, la troupe infernale se hâtait de suivre les porte-bannières.

Mais leur légion était confuse ; ils marchaient sans voir, tant ils étaient éblouis par les rayons du jour.

Ils ressemblaient à des oiseaux de nuit, surpris par le soleil d’été, au pied de la blanche maison de Minerve.

À mesure qu’ils passaient, les nations devenaient pâles, craignant qu’ils ne brisassent leurs liens.

Mais voyant qu’ils étaient domptés et prisonniers, elles recommencèrent à suivre le cortége.

Alors venaient les oiseaux des bois, au plumage diapré ; ils volaient et planaient, en chantant, sur le cortége, et l’ombrageaient de leurs ailes.

Après eux on voyait la troupe des bardes, des poëtes, de tous ceux qui savent chanter des hymnes. Leurs voix montaient au-dessus des nuages. Ils se regardaient les uns les autres pendant qu’ils chantaient : « Triomphe ! ô triomphe ! »

Venaient alors les génies de l’air, et de l’eau, et du feu ; ils brandissaient des thyrses et formaient une multitude innombrable ;

Puis ceux qui n’étaient jamais sortis des veines des métaux et des pierreries, et qui se trouvèrent libres ce jour-là ;

Ceux qui habitaient les froids glaciers des Alpes pennines d’où ils n’étaient jamais descendus et qu’aucun soleil des anciens jours n’avait pu réchauffer ;