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LIVRE XXIV.

Puis venaient encore, couronnés de myrte, les douze grands dieux ; et tous ceux qui se trouvaient sur le chemin quittaient leurs demeures pour grossir cette légion.

Beaucoup avaient des pieds de bouc, ou de chèvre, ou de taureau, quelques-uns d’antilope, et marchaient en sautillant.

Prométhée les chassait devant lui comme le berger qui presse le troupeau ; là où ils s’arrêtaient, il les menaçait des débris de ses fers.

Suivait la Mort sur son cheval pâle, efflanqué, hors d’haleine. Elle était couverte d’une armure de fer ; mais elle suivait à un long intervalle et semblait aussi du nombre des vaincus.

Et le cortége faisait ainsi le tour de la terre !

Là où la mer commençait, se trouvaient des vaisseaux qui l’emportaient sur l’autre bord.

Ces vaisseaux hennissaient comme des chevaux de mer, et une noire vapeur leur sortait des naseaux.

Puis venaient les dragons et les taureaux ailés qui avaient porté Isaïe, Daniel et les anciens prophètes.

Maintenant haletants, ils prenaient le prophète nouveau sur leurs ailes et lui faisaient traverser l’abîme.

Pendant qu’ils passaient, les îles tressaillaient d’espérance. Les continents perdus dans les vastes mers émergeaient du fond des eaux, sur des colonnes de corail, à l’approche du roi de la justice.

Les hommes errants qui se repaissent de la moelle du palmier,