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Ambivalence

1. Le terme ambivalence a été créé en 1910 par le psychiatre suisse Eugen Bleuler (1857-1939) pour désigner un des principaux symptômes de la schizophrénie : l’impression de ressentir à la fois deux sentiments contraires à propos d’une même représentation mentaie, le désir simultané d’ une chose et de son contraire, l’énonciation de propositions contradictoires. L’ambivalence ne présente pas pour autant toujours un aspect pathologique. Les tragédies classiques montrent ainsi comment peuvent coexister chez une même personne l’amour et la haine envers une autre. C’est pourquoi Eugen Bleuler reconnaissait l’existence d’une ambivalence normale.

2. Freud a emprunté ce terme à Eugen Bleuler (qui fut un de ses premiers adeptes). Il a souligné l’importance de l’ambivalence au niveau du conflit œdipien : l’enfant éprouve à la fois de l’amour et de la haine à l’égard de son père. Cette ambivalence se retrouve dans les symptômes névrotiques, comme il le montre à propos du cas du petit Hans et, durant la cure, dans le transfert négatif. De même, dans la mesure ou elles s’appuient sur des conflits, les formations de compromis comme le rêve ou l’acte manqué peuvent être dites ambivalentes : en elles se manifestent deux pulsions antagonistes de force égale.

3. Dans ce que l’on appelle la première conception de Freud, le terme ambivalence est introduit pour caractériser un moment de l’histoire de l’opposition entre les pulsions du moi et les pulsions sexuelles. Les premières assurent la conservation de l’individu ; c’est avec elles que naît la haine. Les secondes assurent l’obtention du « plaisir d’organe » et sont la source de l’amour. Un des modes de résolution de ce conflit est le renversement de la pulsion sexuelle en son contraire: l’amour se transforme en haine. Mais ce renversement ne s’accomplit jamais en totalité. Les différents stades du développe-