Aller au contenu

Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

divertir follement. Toute ma vie j’ai désiré être mêlé à un crime célèbre, comme spectateur, cela va de soi.

— Comment ? Que dis-tu ? demanda le père.

— Écoute-moi bien : M. Chan est détective, n’est-ce pas ?… détective en congé. Si tu as lu des romans policiers, papa, tu dois savoir qu’un policier ne travaille jamais autant qu’en vacances, comme le facteur qui, son jour de repos venu, fait une longue promenade. Rien ne manque à l’intrigue : nous avons notre millionnaire… P. J. Madden, un des financiers les plus fameux d’Amérique. Le pauvre P. J. n’y coupe pas. Je parie dix contre un que M. Chan et moi, en arrivant dans le ranch, nous découvrirons son cadavre sur le premier tapis qui s’offrira à nos yeux.

— Ne plaisante pas sur ce sujet, gronda sévèrement Eden. M. Chan, vous me paraissez très habile. Ne voyez-vous aucune suggestion à me faire ?

Chan sourit dans l’ombre de la voiture.

— La flatterie sonne toujours agréablement à l’oreille. Je désire, en effet, formuler une humble observation.

— Pour l’amour de Dieu, parlez ! s’exclama Eden.

— Veuillez considérez attentivement l’idée que je me permets de vous soumettre. Votre fils et moi nous nous rendons au désert, la main dans la main, comme des frères. Qu’en pensent les spectateurs ? Ah ! ah ! ils apportent les perles, ils viennent à deux pour se prêter main forte.

— C’est ma foi vrai, acquiesça Eden.

— Pourquoi voyager côte à côte ? reprit Charlie. Selon mon humble avis, M. Bob Eden arrive seul au ranch. À toutes les requêtes, il répond qu’il ne porte point les perles. Son honorable père l’envoie simplement constater si tout va bien. Lorsqu’il s’est assuré qu’il ne se passe rien d’anormal, il télégraphie pour que le collier soit livré immédiatement.

« À ce moment se présente au ranch, un vieux Chinois fatigué, en quête de travail… un vagabond misérablement vêtu… ce qu’on pourrait appeler… un rat du désert. Qui soupçonnerait que sur l’es-