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FIANCÉE


Mohammed passa sa main droite sur sa fine barbe naissante.

— Tiens, dit-il, solennellement, que l’on me rase celle-ci et que je devienne semblable à une femme, si je une tiens pas parole, et si je ne te fais pas entrer sous la tente de mon père, ô Emmbarka ! Si je t'oublie, que mes deux yeux deviennent aveugles et que le finisse ma vie en mendiant au nom de Dieu !

Emmbarka, affalée sur le lourd ferach (tapis de lit) multicolore, pleurait lente-tuent.

Son corps avait la sveltesse gracile de la jeunesse, et son visage ovale, à la peau ambrée et veloutée, était d’une fraîcheur charmante. Ses yeux, très longs et très noirs, étaient rougis par les larmes qu’elle ne cessait de verser depuis la veille, quand Mohammed était venu lui annoncer son départ pour le Sud-Oranais, avec le goum de sa tribu.

— Oui, tu dis cela maintenant, et puis tu vas partir pour la guerre, et si même Dieu te