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de roseau, invoque le nom de Dieu le Très Haut, appuie la pointe contre ton cœur et formule en toi-même le souhait qui t’amène.

Pendant ce temps, le sorcier fixait son regard ardent sur ce-lui du client. Après, il reprenait la plume et, sur une planchette d’écolier arabe, il traçait en carré des lettres et des chiffres correspondant au nom du client et de sa mère. Puis, rapidement, il se livrait à un calcul inconnu dont il inscrivait le résultat au bas du carré, de façon à rétrécir les lignes dont la dernière n’avait plus qu’une seule lettre.

Alors, avec une aisance et une sérénité parfaites, sans jamais se tromper, il disait le souhait qui avait été formulé en silence. Puis, il supputait les chances de succès.

Pourtant, quand le calcul magique révélait des éventualités trop noires, le Tazi les atténuait, les enveloppant de paroles d’encouragement et d’espoir.

Une fois, quand une Mauresque sortit de l’échoppe, laissant une pièce blanche, le Tazi soupira.

— Voilà, Si Mahmoud, une femme qui est jeune et qui est belle. Elle vient me consulter sur l’issue de ses amours… Au lieu des étreintes rêvées, c’est le sang et le linceul qui l’attendent. La vie et la mort sont entre les mains de Dieu !