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Rahil, seule, s’était relevée et, accroupie, elle songeait et sa pensée était lugubre… Elle regrettait amèrement d’avoir voulu tenter le sort et savoir ce qui devait lui arriver…

Si Abd-es-Sélèm rentra avec un sourire.

— Eh bien, dit-il, ne savais-tu pas que, tôt ou tard, tu allais mourir ?

— J’espérais vivre, être heureuse encore et mourir en paix…

Si Abd-es-Sélèm haussa les épaules dédaigneusement.

Rahil se leva.

— Que veux-tu comme salaire ? La voix de la Juive était devenue dure.

Il resta silencieux, la regardant. Puis, après un instant, il répondit :

— Me donneras-tu ce que je te demanderai ?

— Oui, si ce n’est pas trop.

— Je prendrai comme salaire ce que je voudrai.

Il lui prit les poignets.

Elle fut insolente.

— Laisse-moi partir ! Je ne suis pas pour toi. Lâche-moi.

— Tu es comme la grenade mûre tombée de l’arbre : pour celui qui la ramasse ; le bien trouvé est le bien de Dieu.

— Non, laisse-moi partir… Et elle se débattit, cherchant à se dégager, à le griffer.

Irrésistiblement, il l’inclinait vers le tapis.