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que j’ai écrit sur les Conversations de Medwin ; il ne me manque que la lettre de Gènes, mais elle ne veut pas la rendre. — Les Anglais peuvent penser de Byron ce qu’ils voudront, il n’en reste pas moins certain qu’ils ne peuvent pas montrer chez eux de poëte qui lui soit comparable. Il est différent de tous les autres, et presque en tout plus grand. »

Lundi, 15 mai 1826.

J’ai parlé avec Goethe de Schütze, dont il a dit beaucoup de bien. — « Dans mes jours maladifs de la semaine dernière, dit-il, j’ai lu ses Heures sereines ; et le livre m’a fait grand plaisir. Si Schütze eût vécu en Angleterre, il aurait fait époque, car, avec son don d’observer et de peindre, il ne lui a manqué que le spectacle d’une vie animée. »

Jeudi, 1er  Juin 1826.

Goethe m’a parlé du Globe[1]. « Les rédacteurs, a-t-il

  1. La collection lui avait été envoyée de Paris, et il recevait tous les numéros sans être abonné. Dans une lettre au comte Reinhard, du 27 février 1826, il disait : « Tous les soirs, je consacre quelques heures à la lecture des anciens numéros ; je note, je souligne, j’extrais, je traduis. Cette lecture m’ouvre une curieuse perspective sur l’état de la littérature française, et, comme tout se tient, sur la vie et sur les mœurs de la France. » — Le 12 mai, il ajoutait : « Que ces messieurs du Globe soient bienveillants pour moi, cela est justice, car moi je suis vraiment épris d’eux. Ils nous donnent le spectacle d’une société d’hommes jeunes et énergiques jouant un rôle important. Je crois apercevoir leurs buts principaux ; leur manière d’y marcher est sage et hardie. Tout ce qui se passe en France depuis quelque temps excite vraiment l’attention, et donne des pensées que l’on n’aurait jamais conçues. J’ai été heureux de voir quelques-unes de mes convictions intimes, et renfermées dans mon être intime, exposées et commentées suffisamment. Je ne cesserai de dire du bien de ces feuilles ; elles sont le bien le plus cher que mes mains reçoivent aujourd’hui, je les ai fait brocher ; et je