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On apporta des journaux, ils annonçaient que sur les théâtres de Berlin, on montrait des monstres marins et des baleines[1] !

Goethe a lu dans le journal français le Temps un article sur l’énorme traitement du clergé anglais, qui reçoit à lui seul plus que tout le reste du clergé chrétien. « On a soutenu, dit Goethe, que le monde était gouverné par des chiffres ; ce que je sais, c’est que les chiffres nous montrent s’il est bien ou mal gouverné. »

* Mercredi, 3 février 1830.

Une conversation sur le Globe et le Temps nous a amenés à la littérature et aux littérateurs de France. Goethe a dit entre autres choses : « Guizot est un homme selon mes idées ; il est solide. Il possède de profondes connaissances, unies à un libéralisme éclairé, et il poursuit sa route en se maintenant au-dessus des partis. Je suis curieux de voir quel rôle il jouera dans les chambres, où il vient d’être appelé par l’élection. »

    geuses, comme on a l’habitude de le faire avec les étrangers… Il a été pour nous un missionnaire de la littérature anglaise ; il nous a lu des poésies, à ma fille et à moi ; j’ai eu grand plaisir à entendre Ciel et Terre de Byron, pendant que je suivais de l’œil le texte sur mon exemplaire. Il a attiré mon attention sur le Samson de Milton, et l’a lu avec moi. Il est intéressant de faire dans cette œuvre connaissance avec l’ancêtre de Byron ; il a une vue aussi grandiose, aussi large que son petit-fils, mais l’un est simple et beau, tandis que l’autre montre le goût de l’illimité uni à la variété la plus capricieuse. » — (Lettre à Zelter du 20 août 1829.)

  1. Mais Goethe ne pensait-il pas, quelques jours auparavant, à y faire monter un éléphant ? C’est, il est vrai, un éléphant allégorique, mais il n’en est pas moins assez singulier de voir Goethe penser à introduire un pareil animal sur la scène, lui qui avait donné sa démission de directeur à l’occasion d’un chien savant en représentations, que Weimar voulait absolument voir paraître sur le théâtre où paraissaient Tasso et Tell. Il y a là sans doute une faiblesse paternelle : l’éléphant est admis parce qu’il s’agit du Faust, opéra fantastique dans lequel tout est permis, et qui doit remplir l’esprit et les yeux de tous les étonnements.