Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/270

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telle force productrice, que lorsque la millionième partie seulement des créatures arrive à la vie, le monde des créatures fourmille encore de telle sorte, que ni la guerre, ni la peste, ni l’eau, ni le feu ne peuvent rien contre lui. Voilà mon Dieu ! »

Lundi, 21 février 1831.

Goethe a beaucoup loué le discours par lequel Schelling a calmé les étudiants de Munich, « Ce discours est on ne peut meilleur, et c’est un plaisir de retrouver ce talent supérieur que nous connaissons et vénérons depuis longtemps. Le sujet était excellent, le but juste, et il a réussi ; si on pouvait dire la même chose du sujet et du but de son écrit sur les Kabires, nous pourrions l’en louer aussi, car là aussi il a prouvé son art et son talent d’orateur. »

Les Kabires de Schelling amenèrent la conversation sur la Nuit classique de Walpurgis, et sur la différence qui la sépare des scènes du Brocken de la première partie.

— « La première nuit de Walpurgis, dit Goethe, est monarchique ; là le diable est respecté et traité comme un chef. Au contraire, la nuit classique est tout à fait républicaine ; tous les personnages sont placés sur la même ligne ; l’un vaut l’autre, aucun ne se subordonne et ne s’inquiète des autres. »

— « Et puis, dis-je, dans la nuit classique, tout se sépare en personnages bien différents, tandis que sur le Bloksberg allemand on ne voit qu’une masse de sorcières. »

— « Aussi, dit Goethe, Méphistophélès sait ce que l’Homunculus veut dire quand il parle de sorcières thessaliennes. Un bon connaisseur de l’antiquité pourra avoir