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miner les dessins que j’avais donnés ; je renvoie, avec plus de confiance encore, au grand ouvrage de D’Alton sur l’ostéologie[1] ; on y aura une vue plus large et plus libre de l’ensemble de la question.

Je rappelle au lecteur que tout ce qui précède et tout ce qui va suivre se rapporte de près ou de loin à la discussion des deux grands naturalistes français.

Dès que l’on parle de dessins, on croit qu’il s’agit de formes ; mais ici nous ne nous occupons que de la fonction des parties. La forme se rapporte en effet à l’ensemble de l’organisation composée de parties diverses, et par conséquent elle se rapporte au monde extérieur, dont l’être avec son organisation complète doit être considéré comme partie. Ceci posé, examinons nos dessins.

Nous voyons d’abord présenté sous divers aspects cet os que nous considérons comme le premier de la structure animale ; cet os est celui à l’aide duquel chaque créature prend la nourriture qui lui est le mieux appropriée ; il doit donc différer comme diffère cette nourriture elle-même. Chez le chevreuil nous trouvons un petit arc osseux sans dents, pour arracher l’herbe et les feuilles ; chez le bœuf, nous trouvons à peu prés les mêmes formes, mais plus larges, plus épaisses, plus fortes, en harmonie avec les besoins de l’animal. La mâchoire du chameau rappelle celle du mouton, mais elle est si informe, qu’elle en est presque monstrueuse, et l’os intermaxillaire peut à peine se distinguer du maxillaire supérieur ; les incisives se confondent avec les canines. — Dans la mâchoire du cheval ; l’os intermaxillaire est très-apparent, et contient six dents incisives émoussées. La dent incisive non développée chez le jeune sujet appartient évidemment au maxillaire supérieur. Dans la mâchoire supérieure du sus babirussa, la dent canine présente une particularité très-remarquable : son alvéole ne touche nullement à l’os intermaxillaire, garni de dents semblables à celles du porc, et n’a pas la moindre influence sur sa forme. — Dans la denture du loup, on voit l’os intermaxillaire, garni de six fortes dents incisives, séparé par une suture très-visible de la mâchoire supérieure et en connexion évidente avec la dent canine. La denture du lion, plus concentrée, plus puissante, garnie de dents plus fortes, montre encore plus nettement cette suture et cette connexion. La mâchoire de l’ours blanc,

  1. Ostéologie comparée. Bonn, 1821-1828.