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Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/142

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reilles plaisanteries. Ce fut Auguste dont la conduite me fit le plus de mal. En dépit de tout ce que je pus dire ou faire contre sa persuasion, il persista à affirmer que le navire se rapprochait vivement de nous, et à faire ses préparatifs pour monter à son bord. Il montrait quelques plantes marines qui flottaient le long du brick, et il affirmait que c’était l’embarcation du navire ; il s’efforça même de s’y jeter, hurlant et criant de manière à fendre le cœur ; enfin j’employai la violence pour l’empêcher de se précipiter dans la mer.

Quand nous fûmes un peu remis de notre émotion, nous continuâmes à guetter le navire, jusqu’à ce que, le temps s’étant couvert et une petite brise s’étant levée, nous le perdîmes finalement de vue. Quand il eut entièrement disparu, Parker se tourna soudainement de mon côté avec une telle expression dans sa physionomie, que j’en eus le frisson. Il avait un air de tranquillité, un sang-froid que je n’avais pas encore remarqué en lui jusqu’à présent, et avant qu’il eût ouvert la bouche, mon cœur m’avait appris ce qu’il allait dire. Il me proposa, en termes brefs, que l’un de nous fût sacrifié pour sauver l’existence des autres.

XII

LA COURTE PAILLE.

Depuis quelque temps déjà j’avais réfléchi au cas où nous serions réduits à cette épouvantable extrémité, et