Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/219

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Il y avait aussi une multitude de femmes et d’enfants, celles-ci ne manquant pas absolument de ce qu’on peut appeler beauté personnelle. Elles étaient droites, grandes, bien faites et douées d’une grâce et d’une liberté d’allure qu’on ne trouve pas dans une société civilisée. Mais leurs lèvres, comme celles des hommes, étaient épaisses et massives, à ce point que même en riant elles ne découvraient jamais les dents. Leur chevelure était d’une nature plus fine que celle des hommes. Parmi tous ces villageois nus, on pouvait bien trouver dix ou douze hommes habillés de peaux, comme la bande de Too-wit, et armés de lances et de lourdes massues. Ils paraissaient avoir une grande influence sur les autres, et on ne leur parlait jamais sans les honorer du titre de Wampoo. C’étaient les mêmes hommes qui habitaient les fameux palais de peaux noires. L’habitation de Too-wit était située au centre du village, et beaucoup plus grande et un peu mieux construite que les autres de même espèce. L’arbre qui en formait le support avait été coupé à une distance de douze pieds environ de la racine, et au-dessous du point de la coupe quelques branches avaient été laissées, qui servaient à étaler la toiture et l’empêchaient ainsi de battre contre le tronc. Cette toiture, qui consistait en quatre grandes peaux reliées entre elles par des chevilles de bois, était assujettie par le bas avec de petits pieux qui la traversaient et s’enfonçaient dans la terre. Le sol était jonché d’une énorme quantité de feuilles sèches qui remplissaient l’office de tapis.

Nous fûmes conduits à cette hutte en grande solennité, et derrière nous s’amassa une foule de naturels,