Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/220

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autant qu’il en put tenir. Too-wit s’assit sur les feuilles et nous engagea par signes à suivre son exemple. Nous obéîmes, et nous nous trouvâmes alors dans une situation singulièrement incommode, si ce n’est même critique. Nous étions assis par terre, au nombre de douze, avec les sauvages, au nombre de quarante, accroupis sur leurs jarrets, et nous serrant de si près que, s’il était survenu quelque désordre, il nous eût été impossible de faire usage de nos armes, ou même de nous dresser sur nos pieds. La cohue n’était pas seulement en dedans de la tente, mais aussi en dehors, où se foulait probablement toute la population de l’île, que les efforts et les vociférations de Too-wit empêchaient seuls de nous écraser sous ses pieds. Notre principale sécurité était dans la présence de Too-wit parmi nous, et, voyant que c’était encore la meilleure chance de nous tirer d’affaire, nous résolûmes de le serrer de près et de ne pas le lâcher, décidés à le sacrifier immédiatement à la première manifestation hostile.

Après quelque tumulte, il fut possible d’obtenir un peu de silence, et le chef nous fit une harangue d’une belle longueur, qui ressemblait fort à celle qui nous avait été adressée des canots, sauf que les Anamoo-moo ! s’y trouvaient un peu plus vigoureusement accentués que les Lama-Lama ! Nous écoutâmes ce discours dans un profond silence jusqu’à la péroraison ; le capitaine Guy y répondit en assurant le chef de son amitié et de son éternelle bienveillance, et il conclut sa réplique en lui faisant cadeau de quelques chapelets ou colliers de verroterie bleue et d’un couteau. En recevant les colliers,