Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/39

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à me diriger à tout hasard vers la trappe et à chercher immédiatement du secours, avant que j’en fusse devenu tout à fait incapable. Cette résolution prise, je cherchai de nouveau à tâtons le phosphore et les bougies. Je découvris le briquet phosphorique, non sans quelque peine ; mais, ne trouvant pas les bougies aussi vite que je l’espérais (car je me rappelais à peu près l’endroit où je les avais placées), j’abandonnai cette recherche pour le moment, et, recommandant à Tigre de se tenir tranquille, je commençai décidément mon voyage vers la trappe.

Dans cette tentative, mon extrême faiblesse devint encore plus manifeste. Ce n’était qu’avec la plus grande difficulté que je pouvais me traîner, et très-souvent mes membres se dérobaient soudainement sous moi ; puis, tombant prosterné sur le visage, je restais pendant quelques minutes dans un état voisin de l’insensibilité. Cependant, je luttais toujours et j’avançais lentement, tremblant à tout moment de m’évanouir dans le labyrinthe étroit et compliqué de l’arrimage, auquel cas je n’avais d’autre dénoûment à attendre que la mort. À la longue, faisant une poussée en avant avec toute l’énergie dont je pouvais disposer, je donnai violemment du front contre l’angle aigu d’une caisse bordée de fer. L’accident ne me causa qu’un étourdissement de quelques instants ; mais je découvris avec un inexprimable chagrin que le roulis sec et violent du navire avait jeté la caisse juste en travers de mon chemin, de manière à barricader complètement le passage. En y mettant toute ma force, je ne pus pas la déranger seulement d’un pouce, car elle était