Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/40

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très-solidement calée entre les caisses environnantes et tous les équipements de bord. Il me fallait donc, faible comme je l’étais, ou lâcher le filin conducteur et chercher un autre passage, ou grimper par-dessus l’obstacle et reprendre ma route de l’autre côté. Le premier parti présentait trop de difficultés et de dangers ; je n’y pouvais penser sans un frisson. Épuisé de corps et d’esprit, je devais infailliblement me perdre, si je tentais une pareille imprudence, et périr misérablement dans ce lugubre et dégoûtant labyrinthe de la cale. Je commençai donc, sans hésitation, à rassembler tout ce qui me restait de force et de courage pour tâcher, si faire se pouvait, de grimper par-dessus la caisse.

Comme je me relevais dans ce but, je m’aperçus que l’entreprise dépassait mes prévisions et impliquait une besogne encore plus sérieuse que je ne l’avais imaginé. De chaque côté de l’étroit passage, se dressait un véritable mur fait d’une foule de matériaux des plus lourds ; la moindre bévue de ma part pouvait les faire dégringoler sur ma tête ; ou, si j’échappais à ce malheur, le retour pouvait m’être absolument fermé par la masse écroulée, et je me trouvais ainsi en face d’un nouvel obstacle. Quant à la caisse, elle était très-haute et très-massive, et le pied n’y pouvait trouver aucune prise. En vain j’essayai, par tous les moyens possibles, d’attraper le haut, espérant pouvoir me soulever ainsi à la force des bras. Si j’avais réussi à l’atteindre, il est certain que ma force eût été tout à fait insuffisante pour me soulever, et, somme toute, il valait mieux que je n’y eusse pas réussi. À la longue, comme