Page:Edgeworth - Belinde T1 T2.djvu/105

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À Berkeley-Square ! adieu, Henriette. — Mais, à propos, colonel, où faut-il vous ramener ?

Il ne répondit pas. Nous cheminions ; une sorte de honte me gagnait, et perçait en dépit de mes efforts. Le colonel, qui était à-la-fois un fat et un sot, s’y trompa, et crut que j’étais décidément à lui. Il devint d’une insolence telle, que je fus obligée de faire arrêter, et de lui dire :

Allez-vous-en.

Il fut pétrifié, et il s’éloigna très-confus, en murmurant quelque chose contre les femmes, que je n’entendis qu’à demi. Pour moi, quoique je m’en tirasse avec les honneurs de la guerre, je me reprochais amèrement mon étourderie. Le lendemain j’envoyai chercher Henriette pour lui conter la chose ; elle me parut si étonnée, si en colère contre ce fat de colonel, que je me reprochai les idées qui m’avaient passé par la tête sur son compte, et que je sentis renaître pour