Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/184

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qu’il m’en a fait cadeau ; je venais de briser sa cloche.

— J’ai bonne envie de vous laisser jouer encore ensemble, dit le père d’Arthur.

— Oh ! si vous le vouliez, dit Arthur en battant des mains, comme nous serions heureux ! Vous ne savez pas, mon père, que je suis resté quelquefois pendant une heure assis au haut de ce pommier, pour voir Maurice travailler dans son jardin. Oh ! comme j’aurais voulu travailler avec lui ! Voyez mon jardin, mon père : il s’en faut qu’il soit aussi bien tenu qu’autrefois ; mais bientôt tout y sera en ordre, si… »

Arthur fut interrompu par l’arrivée du procureur, qui venait causer avec M. Oakly de son procès au sujet du prunier. M. Oakly lui montra la lettre de Maurice, et, à la grande surprise d’Arthur, celui-ci ne l’eut pas plutôt lue, qu’il s’écria :

« Quel petit fourbe ! Je n’ai rien vu de plus fort dans toute ma carrière. Oui, cette lettre est la plus artificieuse que j’ai jamais lue.

— Où donc est l’artifice ? dit Oakly en mettant ses lunettes.

— Ne voyez-vous pas, mon cher monsieur, que toute cette comédie des framboisiers Brobdignac n’a d’autre but que d’éviter le procès ? M. Grant, qui est assez rusé, sait bien qu’il n’aura pas l’avantage, et qu’il sera forcé de vous payer une