Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/90

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« Comment avez-vous dormi cette nuit, madame, dit-elle en ouvrant les rideaux ?

— Mais très-bien. Je crois même avoir dormi plus qu’à l’ordinaire.

— Cela est vrai, madame, vous n’avez pas été éveillée par le feu.

— Le feu a donc pris dans la maison, cette nuit ?

— Oui, madame. Mais ce n’a pas été grand’chose, Dieu merci.

— Et savez-vous comment le feu a pris ?

— J’ai interrogé ; mais le feu n’est pas ce qui me préoccupe le plus.

— Qu’avez-vous donc ?

— Vous ne craignez pas les voleurs, n’est-ce pas, madame.

— Oh non, certainement.

— Eh bien ! moi, madame, je ne sais pourquoi j’ai, depuis quelque temps, de funestes pressentiments.

— Sur quoi les fondez-vous ?

— Sur beaucoup de circonstances dont je n’ai pas cru devoir vous entretenir. Ainsi, hier, j’ai laissé dans la salle du bas les chandeliers vernis, et il s’en est trouvé un ce matin dans la chambre de M. Tirebouchon. L’autre nuit, la lanterne de la cour était dehors, allumée, et le matin elle se trouvait dans l’écurie. C’est Franklin qui me l’a dit, et, certes, Franklin ne ment pas.