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Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/15

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— Ce qui est regrettable, ajouta Adrienne comme se parlant à elle-même, c’est que mon neveu ne soit pas une nièce…

— Je ne comprends pas bien ce que Madame veut dire.

— Ça ne fait rien ! Ce n’est pas absolument nécessaire… Cette idée-là mürira…

Et Adrienne se retira dans sa chambre…

Quelle idée avait-elle eu ? Et pourquoi pensait-elle qu’il était dommage que son neveu ne fût pas une nièce ?…

iii

Alfred arrive.


La pauvre Adrienne était loin de se douter qu’en envoyant à Paris chez elle, leur fils Alfred, les époux Valentin visaient un tout autre but que d’assurer une situation à leur rejeton.

C’était tout un complot ourdi par les parents de province contre la veuve de leur frère et beau-frère, un complot qui ne tendait à rien moins qu’à arracher à la veuve du parent riche un peu de cette fortune dont M. et Mme Valentin estimaient toujours avoir été spoliés.

Alfred était un jeune homme sage, élevé dans de sévères principes et qui avait toujours vécu jusque là sous l’œil paternel et maternel. Pas plus l’un que l’autre ne lui avaient toléré le moindre écart.

Or, il avait été convenu de tout temps qu’Alfred épouserait un jour Mlle Aglaë Durand, fille du notaire de sa ville natale. C’était un des meilleurs partis de la localité.

Les Durand et les Valentin étaient de vieux amis et l’union des jeunes gens souriait également aux deux familles. Mais il y avait un obstacle : le notaire était riche et sa fille recevrait en se mariant une dot appréciable, tandis qu’Alfred ne pourrait guère apporter à sa future épouse que l’espérance d’une situation modeste, que son pêre lui procurerait dans l’administration dont lui-même faisait partie.