Page:Edmond Haraucourt Cinq mille ans 1904.djvu/21

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Jetons sur ces trois phases un rapide coup d’œil. Le premier empereur, César, qui conquit les Gaules, ne s’avança point jusqu’ici ; l’honneur de découvrir ces régions lointaines et d’y transplanter la civilisation de Rome était réservé à son successeur Julien, qui perçut tout entière l’importance géographique de ce carrefour, et qui, pour commander à la fois les Gaules et les Germanies, l’Angleterre, les péninsules hispaniques et italique, rêva de transplanter ici le siège de l’Empire : l’idée était ingénieuse et prédestinée à d’heureux résultats, mais encore prématurée ; elle ne se réalisa qu’un peu plus tard, sous le règne de Napo-Lion, qui reprit les projets de Julien, et rompit avec la métropole antique, où il ne laissait que le grand-prêtre, ou Pontife : celui-ci fut dès lors l’unique souverain de Rome, et la ville conquérante devint la capitale des prêtres. Mais cette scission entre les deux pouvoirs militaire et religieux ne pouvait manquer de produire des conflits incessants, et nous savons en effet que la lutte du principe théocratique contre le principe monarchique suscita des guerres religieuses qui furent ardentes et sans nombre. Cependant, l’empereur, couvrant de temples et de palais sa capitale neuve, en faisait le centre du monde occidental : toute la richesse, tout le génie confluèrent là. L’élan était donné ; l’œuvre fut colossale : elle se poursuivit longtemps après la mort du célèbre tyran. Sa dynastie, qui continuait sa grandeur et sa tâche, dura du sixième ou douzième siècle, et ne sombra définitivement qu’à la suite de ces guerres fameuses dont les légendes arabiques nous ont gardé le souvenir et qui entrechoquèrent l’Orient et l’Occident, pour l’honneur de leurs dieux réciproques.

Faut-il dire qu’en cette mêlée l’âme de