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Page:Edmond Haraucourt Le gorilloide 1904.djvu/17

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Messieurs, c’est là exactement ce qui se produisit, et la supposition que je vous demandais est un fait acquis à l’histoire de l’astre que nous habitons : la géologie nous enseigne qu’un bouleversement se produisit à la fin de l’Époque Quintaire, et la ferma. L’Homme s’éteignit.

La disparition de cette race superbe se présente donc comme une conséquence normale de son excessif développement, et la merveille n’est pas de voir tant de capacités s’abîmer tout d’un coup dans la définitive incapacité de vivre ; l’étonnement serait, au contraire, qu’elle eût pu se prolonger dans les temps, et survivre au choc qui la remettait en présence de la vie primitive et de ses nécessités.

C’est pourquoi, messieurs, la seule chose surprenante est de voir que des types, bien rares il est vrai, aient pu continuer l’espèce. Même, le prodige nous paraîtrait inconcevable, si la paléontologie ne nous fournissait d’autre part des exemples de survivances analogues : en effet, les grands cétacés et les grands pachydermes, voire les grands sauriens tels que la baleine, l’éléphant et le rhinocéros, le crocodile, n’avaient pas complètement disparu au temps que nous appellerons, si vous voulez bien, le Règne de l’Homme : nous possédons leurs fossiles ; ces témoins dégénérés des époques quaternaire et tertiaire avaient donc perduré pendant des millions d’années, par delà leur âge normal. De même, quelques hommes, persistant à vivre alors qu’ils n’y avaient plus droit, ont su parvenir jusqu’à nous.