Page:Edrisi - Géographie, traduite par P. Amédée Jaubert, tome second.pdf/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
PREMIÈRE SECTION.

de leur expédition « ayant pour objet de savoir ce que renferme « l’Océan et quelles sont ses limites. » Ainsi que nous l’avons dit plus haut[1], il existe (encore) à Lisbonne, auprès des bains chauds, une rue qui porte le nom de rue (ou de chemin) des Maghrourin.

Voici comment la chose se passa : ils se réunirent au nombre de huit, tous proches parents (littéral. cousins-germains) ; et après avoir construit un vaisseau de transport ils y embarquèrent de l’eau et des vivres en quantité suffisante pour une navigation de plusieurs mois. Ils mirent en mer au premier souffle[2] du vent d’est. Après avoir navigué durant onze jours où environ, ils parvinrent à une mer dont les ondes épaisses exhalaient une odeur fétide, cachaient de nombreux récifs et n’étaient éclairées que faiblement. Craignant de périr, ils changèrent la direction de leurs voiles, et coururent vers le sud durant douze jours, et atteignirent l’île des Moutons جزيرة الغنم, ainsi nommée parce que de nombreux troupeaux de moutons y paissaient sans berger et sans personne pour les garder.

Ayant mis pied à terre dans cette île, ils y trouvèrent une source d’eau courante et des figuiers sauvages. Ils prirent et tuèrent quelques moutons, mais la chair en était tellement amère qu’il était impossible de s’en nourrir. Ils n’en gardèrent que les peaux, naviguèrent encore douze jours, et aperçurent enfin une île qui paraissait habitée et cultivée ; ils en approchèrent afin de savoir ce qui en était ; peu de temps après ils furent entourés de barques, faits prisonniers et conduits à une ville située sur le bord de la mer. Ils descendirent ensuite dans une maison où ils virent des hommes de haute stature, de couleur rousse et basanée, portant des cheveux longs (littéral. non crépus) ; et des femmes qui étaient d’une rare beauté. Ils restèrent trois jours dans cette mai-

  1. Voyez t. Ier, p. 200 et 201.
  2. Le ms. A porte : من اوّل طسوس الريح الشرفية « aux premiers feuillets du vent oriental. » Feuillet 126 recto.