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QUATRIÈME CLIMAT.

العليا, « à indiquer clairement ses diverses régions, ses villes, et ses lieux un à un ; à dire ce dont elle a droit de se glorifier, à expliquer l’importance des avantages dont elle jouit, le tout avec le moins de paroles et le plus de sens qu’il sera possible[1], s’il plaît à Dieu. »

« Nous disons donc que la Sicile est une perle du siècle en fait d’excellence des productions, de fertilité du sol, d’agrément des villes et des habitations. Depuis les époques les plus anciennes, tous les voyageurs qui y sont venus du dehors et qui ont comparé entre elles (littéral. discuté sur) les mérites des diverses villes et capitales, se sont plu à vanter cette île, à exalter l’étendue de son territoire, la beauté de ses sites, la variété de ses produits et en général les avantages dont elle jouit. Ses rois sont les plus fortunés des princes, et ils inspirent la terreur à leurs ennemis, car ils disposent d’un très-grand pouvoir, sont entourés d’une grande considération, doués d’une haute sollicitude et placés dans le rang le plus glorieux.

« Ce fut en l’an 453, d’après le comput des Arabes (1061 de l’ère chrétienne), que l’illustre, sage, excellent et puissant monarque Roger, fils de Tancrède, conquit la meilleure partie de cette contrée, et avec l’aide de ses compagnons parvint à humilier l’orgueil des rebelles qui s’opposaient à sa domination et qui résistaient à ses armes. Ce prince, l’élite des princes francs, خيرة ملوك الافرنجين, ne cessa de disperser les ennemis de la Sicile, de combattre les révoltés, de faire chez eux des incursions, de leur occasionner toute sorte de dommages, de les détruire, de les passer au fil de l’épée, jusqu’à ce qu’il se fût rendu maître par ses victoires de toute la contrée, et qu’il l’eût conquise province par province, et château (fort) par château ; et cela dans l’espace de trente ans. Lorsque le pays fut soumis à ses ordres et qu’il y eut établi sa puissance sur des

  1. Le texte porte : بالرحيز من القول مع استقصا المعاني.