Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/192

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qui, les mains plongées dans ses poches, les jambes allongées, la tête renversée en arrière, les yeux interrogeant les ombres sur le plafond, sifflotant même son refrain de la kermesse d’antan, se balançait d’un air indifférent du monde.

Les autres bouffaient. Mais Fons Mollendraf, refoulant une seconde fois sa rage, contint du geste sa lignée impatiente. Il se mit à glapir en récapitulant à la façon du notaire Balduyn, présidant à une vente de bois. :

— Je dis ma maison et ma culture de la Droeve-Wei… Cinquante verges… Trois cents beaux florins payés, argent sur table, le jour de la noce… Je répète trois cents beaux florins… Accepte…

— Ni la terre, ni la masure, ni les espèces… Marcus Tybout ne se vend pas.

— Marcus Tybout devrait être envoyé à Gheel auprès des fous.

— Oui, fou ! fou furieux ! hognaient les trois ruffians, et Pauw, dit la Pleine-Lune, faisait derrière le dos du hardi garçon des gestes gourds d’étrangleur que Mark surprenait dans les silhouettes du plafond.

Et maintenant du fond de la chambre voisine partirent des sanglots et des gémissements de femme.

Marcus Tybout souriait, méprisant.

— Doucement ! dit le père, domptant itérativement sa progéniture. Et se tournant vers la porte : « Ah ! çà, la paix, grande bête ! Je n’ai pas fini. Il cédera. Il doit t’épouser, Véva… » Tu disais l’aimer pourtant, toi, le voleur de son bon nom !

— Eh ! oui, je l’aime.