Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/193

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— Et que te faut-il pour que tu la demandes ? Dépêche, que cela en sorte enfin… Le temps presse…

— L’envie de me marier…

— C’est assez plaisanter… Mark, je suis le père de Véva et pour l’amour d’elle, je te parle en père, à toi aussi. Je songe à la créature de Dieu qu’elle porte dans son ventre… Mark, accepte comme un honnête garçon. J’oublierai la façon dont tu pénétras sous mon toit ; je ne réclamerai même pas un patard à ton père… On saura, à Doersel, que les Mollendraf sont assez riches pour racheter leur honneur… Tiens, j’ajouterai même une autre enclave à ma pièce de la Droeve-Wei, mon lopin de Dizekesseyk… Encore ? Va pour ma vache de Hollande, ma bigarrée, la favorite de notre Véva… Enfin, tous les ans à la Noël, je te servirai les meilleurs morceaux de mon porc gras. Hein ? J’espère que voilà des conditions… Tu n’hésites plus pour sûr…

— Je n’hésiterai jamais entre ma liberté et vos jambons…

— Est-ce ton dernier mot ?…

— Le tout dernier…

— Et moi je te demande une fois encore : Marcus Tybout, veux-tu, oui ou non, épouser Genovéva Mollendraf ?…

— Assez de cette scie. Les gens raisonnables se couchent à présent… Baes, et à vous, garçons, le meilleur des repos…

Et, campant sa casquette sur sa tête, il se leva.

Mais les trois frères l’entouraient, ricanaient, de l’écume aux lèvres, et le poussaient du coude, et lui