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LES FUSILLÉS DE MALINES

tasie imposée aux prêtres, la félonie érigée en civisme, l’anarchie substituée à la légalité et l’arbitraire à la justice, les Jacobins venaient de sommer leur œuvre de régénération par une mesure plus impopulaire et plus odieuse encore que les énormités qui l’avaient précédée.

En vertu de la loi sur la conscription, tout Belge âgé de vingt à vingt-cinq ans devenait le soldat, le défenseur armé, le mercenaire de l’oppression. On l’arrachait à ses foyers, et on l’envoyait combattre ceux-là mêmes auxquels il aurait voulu s’allier pour secouer de conserve un régime à côté duquel la tyrannie de l’Espagne aurait paru bénigne et paternelle.

Promulguée le 5 septembre 1798, cette loi avait été suivie, le 23 du même mois, du décret de mobilisation d’un corps de 200 000 hommes comprenant les conscrits de la première classe, c’est-à-dire les jeunes gens de vingt à vingt et un ans.

Contrairement à ce qui s’était produit pour d’autres édits, cette fois loi et décret affichés le 5 octobre, en français et en flamand, soulevaient non seulement une ré-