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LES FUSILLÉS DE MALINES

répudiaient et les renvoyaient à présent comme des pestiférés. Les matrones ne se montraient pas moins inhumaines que leurs époux. Dans leur hâte à mettre la porte de la rue entre elles et ces fâcheux, elles leur broyaient les doigts crispés désespérément au vantail ainsi que ceux d’un noyé à une épave. Aucun de ces boutiquiers, de ces fournisseurs à l’âme vénale et arithmétique ne se souciait de désigner son toit à la vindicte des sans-culottes en recélant de maladroits sauveurs, de calamiteux messies. Des publicains s’avilirent jusqu’à prêter main forte aux Français, en arrêtant les fuyards dans leur course et en les maîtrisant jusqu’à l’arrivée des soldats.

Incarcéré avec ses amis, dans la prison dont ils avaient extrait les nobles et les prêtres, Rik le Schalk ne put s’empêcher d’en faire, en plaisantant, la constatation au guichetier Verhulst.

— Parbleu ! disait-il, nos obligés de ce matin eurent bien raison de nous brûler la politesse. Franchement, ils ne gagnaient rien à rester avec nous !