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exercer leur propagande. En principe, les Japonais n’étaient rien moins qu’intolérants, incités par les prêtres bouddhistes qui s’inquiétaient de la désertion rapide de leurs adeptes et de la perte de leur ancienne influence. Aussi allèrent-ils jusqu’à s’adresser au Shogoun d’alors, afin que celui-ci proscrivît les prédications étrangères. Mais Yoshitérou, quelque peu sceptique, se borna simplement à demander aux bonzes combien de sectes différentes existaient au Japon. Sur la réponse qu’il n’y en avait pas moins de trente-cinq : « Eh bien, fit-il, il y en aura une trente-sixième. »

C’était à la politique qu’il appartenait de provoquer une ère de répression et, tranchons le mot, de représailles. Si le Christianisme, d’abord ouvertement protégé par les Shogouns, n’était point, à l’insu de ses premiers introducteurs, devenu un instrument de discordes, entre les mains des daïmios, nul doute que le Japon tout entier n’eût suivi, petit à petit, sous l’étendard de la Croix, le grand mouvement religieux et moral de l’Occident.

Malheureusement, il n’en fut pas ainsi, comme nous le verrons plus loin.

Entre temps, François Xavier crut nécessaire d’aller recruter de nouveaux aides aux Indes portugaises et mourut pendant la traversée. Sa tâche évangélique fut d’ailleurs reprise avec ardeur par ses nombreux prosélytes. Tout marcha bien dès le début. Encouragés même par Nobounaga, le restaurateur de la paix troublée depuis plus de deux siècles, les missionnaires