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auspices de l’empereur Temmou, et complété, vingt-cinq ans après sa mort, sur les récits d’un de ses plus zélés serviteurs. Ce dernier personnage, nommé Hiyedano-are, au dire des historiens, possédait une mémoire si prodigieuse, qu’il avait pu y fixer toutes les traditions recueillies sur l’ordre du Mikado par les fonctionnaires de l’empire.

Aux termes du Kojiki, digne d’être qualifié « la Bible japonaise », avant toute chose existant sur terre et dans le ciel, était l’espace, sans commencement ni fin, et seulement peuplé de l’essence immatérielle des dieux primitifs au nombre de trois. À cette trinité primordiale vint s’ajouter successivement une série de divinités secondaires, mais de même essence.

Quand le ciel, le soleil, la lune et les astres eurent été formés, naquit un groupe d’autres dieux qui prirent corps et se succédèrent, pendant sept générations, mâles et femelles, mais par une conception spontanée et sans avoir eu de rapports sexuels entre eux. Izanagi et Izanami furent les derniers venus de cette période embryonnaire. Ce fut à eux qu’incomba la mission sacro-sainte de reproduire leur race selon la chair. Or, les régions éthérées ne pouvaient décemment servir de théâtre à leurs amours pudibondes. En conséquence le dieu, planant au-dessus du chaos, prit son épée, la plongea dans la vaste étendue des eaux fangeuses, et, des gouttes de limon qui en ruisselaient, solidifiées tout à coup, il forma une île appelée aujourd’hui Awazi, où il vint s’abriter avec sa divine épouse.