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La postérité divine, en effet, ne pouvait être suspendue par la disparition d’une déesse. Aussi le dieu, subtilisant sa propre nature, en arriva, rien qu’en se purifiant par ablution, à engendrer successivement toute une série de dieux sous-jacents, parmi lesquels nous signalerons Amatéras, ou Lumière Céleste, et Sousanao, le Poseïdon du Japon.

On s’expliquera mal, chemin faisant, comment, avant même la naissance de la lumière, l’infortunée Izanami ait pu se réfugier dans l’empire des Ombres ; mais, en ces sortes de choses, il ne faut pas s’armer de logique et pousser la légende en ses derniers retranchements. « Quoi qu’il en soit, — fait observer à ce propos un casuiste japonais, — si les rats, les belettes et certains oiseaux voient parfaitement dans l’obscurité, pourquoi les dieux n’auraient-ils pas été doués de la même faculté ? » Nous n’insisterons pas nous-mêmes, notre intention n’étant pas de réfuter, mais d’exposer.

Sousanao, le dieu des Mers, était d’un caractère si mobile, d’un tempérament si irritable, que sa sœur Amatéras, dans le but de se dérober à des fureurs trop fréquentes et trop peu justifiées, alla se cacher dans une caverne profonde et disparut à tous les yeux.

Amatéras étant la déesse du Soleil, la terre et le ciel se trouvèrent de nouveau plongés dans les ténèbres les plus épaisses. Or les dieux, à tort ou à raison, avaient déjà pris l’habitude de vivre à la clarté bien-